Envoyé spécial chez le diagnostic immobilier : reportage en demi-teinte

février 04 17:58 2014

Quand une chaîne de grande écoute, France 2 en l’occurrence, annonce, en prime time un reportage dédié aux diagnostics immobiliers, on peut toujours s’attendre au pire. Après tout, la jeune profession a déjà fait les frais de reportages à sensations.

Et sans doute, le reportage d’Envoyé spécial diffusé jeudi 30 janvier, ne s’est pas affranchi totalement de cette tendance, usant d’un mode opératoire devenu fort classique auprès des diagnostiqueurs comme des garagistes : un testing en caméra cachée, quatre diagnostiqueurs sur le banc d’essai, et une voix off qui égrène au fur et à mesure les différentes irrégularités. Avec les images et gros plans, pour bien visualiser les erreurs. Classique. Si bien qu’on ne retiendra au final que les divergences de classements (deux obtiennent une lettre « D », deux un « E »), des différences de temps passé (d’une demie-heure à une heure), des estimations de consommations allant de 1 175 euros à 2 314 euros, un diagnostiqueur qui ne juge pas bon de jeter un œil dans les combles (à la différence de ses trois confrères)…

Jusque-là, finalement, le reportage demeure dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Tout juste peut-on se dire que les erreurs relevées apparaissent moins grossières que par le passé : on se souvient d’un reportage, pas si vieux, où le diagnostiqueur ne s’était même pas donné la peine de visiter le pavillon !

Mais le reportage de France 2 va un peu plus loin. D’abord, parce qu’il montre un DPE bien fait et réalisé dans les règles de l’art : il apparaît alors comme une information tout à fait valable et réaliste (avec l’exemple d’un diagnostiqueur suivi non pas en caméra cachée cette fois). Deuxièmement, les auteurs de ce reportage ont pris la peine d’aller plus loin en pointant aussi du doigt certaines fautes originelles du DPE dont le diagnostiqueur ne peut être tenu responsable. A commencer par la méthode sur factures souvent dénoncée dans les rangs même de la profession. Interrogé le ministère du Logement se voit d’ailleurs mis en cause sur cette méthode mais aussi sur la nécessité d’étendre l’obligation de pré-requis aujourd’hui en vigueur pour le DPE aux autres diagnostics. Ou celle de mettre à la charge de l’acquéreur le DDT afin d’éviter de se tourner systématiquement au moins disant.

Bien entendu, l’exemple choisi, une longère du 19e siècle, résidence secondaire à colombages, pourra apparaître comme caricatural : le diagnostiqueur y obtient une étiquette B, et précise combien celle-ci n’est pas significative. Ce qui fera dire à la voix off que ces diagnostics ne sont « pas toujours utiles et fiables ». Sous-entendu qu’ils peuvent l’être dans certaines conditions : on a fait du chemin depuis les reportages où le diagnostic immobilier était présenté comme une vaste arnaque.

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