Le Gouvernement ne serait-il pas en train de faire marche arrière ? L’association négaWatt organisait début mars une conférence de presse pour dénoncer une « électrification forcenée au détriment de la performance énergétique », transparaissant notamment au travers du nouveau DPE.
Le diagnostiqueur le sait, la 3CL-DPE n’a jamais été très tendre avec le chauffage électrique. La faute au coefficient d’énergie primaire (CEP) appliqué à l’électricité peu avantageux. On en est sûr désormais, avec la RE 2020, ce coefficient passera de 2,58 à 2,3. Cette révision semble un peu technique, pour négaWatt elle peut se résumer à un « avantage considérable au chauffage électrique par effet Joule (les fameux grille-pains) dans les bâtiments et autorisent une moindre isolation ».
Autre certitude, le nouveau DPE privilégiera à l’avenir l’énergie finale, plutôt que l’énergie primaire, « ce qui revient à ne pas prendre en compte les pertes de transformation associées à la production d’électricité dans les centrales thermiques, qu’elles soient fossiles ou nucléaires », alerte négaWatt. Conséquence, « Cela crée un avantage considérable pour les convecteurs électriques au détriment de toute autre forme d’énergie. L’avantage est tel qu’on ne voit plus très bien quel maître d’ouvrage pourrait, lors d’une rénovation, choisir autre chose que l’électricité comme énergie de chauffage. »
Chaises musicales
Résultats des courses, avec le nouveau DPE, des biens risquent de voir leur classe énergétique s’améliorer, sans avoir effectué pourtant les moindres travaux de rénovation. Des logements aujourd’hui mal classés en F, plombés par un chauffage électrique, pourraient sortir de la zone rouge et ne plus être considérés comme des passoires thermiques, comme l’ont dénoncé de longue date différentes associations.
À l’autre bout de l’échelle, négaWatt craint aussi que le passage de la classe énergétique B à la classe C, qui s’effectue aujourd’hui à 90 kWh/m²/an d’énergie primaire, soit repositionné. Explications :« D’abord on va l’exprimer en énergie finale, ce qui mettra la valeur actuelle à 39 kWh/m²/an d’énergie finale, puis… on «repoussera» cette valeur jusqu’à 60 kWh/m²/an. En termes clairs, les logements chauffés à l’électricité jusqu’ici en classe C vont pratiquement tous se retrouver en classe B, donc être «de bien meilleure qualité» sans n’avoir pourtant rien fait ».