Exposée à des produits cancérigènes, une trentaine de salariés d’AC Environnement porte l’affaire devant la justice

Exposée à des produits cancérigènes, une trentaine de salariés d’AC Environnement porte l’affaire devant la justice
octobre 28 17:45 2019

Un coup de pub dont le groupe AC Environnement se serait volontiers passé. D’autant que l’affaire se répand dans les médias. Selon une information du Monde et de France Info, une trentaine de salariés et ex-salariés des laboratoires ALM de Riorges (Loire) et de Gentilly (Val-de-Marne) auraient déposé, le 21 octobre, deux plaintes contre X pour « mise en danger d’autrui », devant le tribunal correctionnel de Paris et devant le tribunal correctionnel de Roanne.

Côté AC Environnement, on tombe des nues, on a découvert l’affaire au petit matin sur les ondes. « En tout état de cause aucune plainte nous a été signifiée », nous confiait la Direction générale, lundi après-midi. Mais même si les plaintes ont été déposées contre « X », AC Environnement semble bel et bien dans le collimateur.

Les salariés des deux laboratoires reprochent à l’entreprise des protections collectives insuffisantes ayant engendré une exposition à divers produits toxiques et cancérigènes tels que le chloroforme, l’acétone et l’éthanol utilisés dans leur travail de laborantin. Des salariés se plaignent aujourd’hui de différents problèmes de santé comme infertilité, des hépatites, des complications de grossesse, des nausées, des douleurs neurologiques et autres. Représentés par Me François Lafforgue, ils réclament l’ouverture d’une information judiciaire. Parallèlement à ces plaintes en correctionnelle, d’autres procédures auraient été lancées pour plusieurs salariés afin d’obtenir reconnaissance de leur maladie professionnelle.

La Direction assure n’avoir été informée qu’en 2019

Si cette exposition n’a été révélée qu’en 2019, elle serait cependant bien plus ancienne. En juin 2016, un rapport de la société Oxygenair révélait des concentrations de chloroforme peu orthodoxes: près de vingt-cinq fois supérieures à la VLEP (valeur limite d’exposition professionnelle) avec 242,6 mg/m3 sur  8 heures à Gentilly. Selon Le Monde, ce document serait cependant resté enfoui dans les tiroirs de la directrice des laboratoires, et n’aurait été porté à la connaissance des salariés qu’en avril 2019.

Contacté ce lundi, AC Environnement ne conteste pas cette version. Ni même une « potentielle exposition » des collaborateurs. En revanche, la Direction générale assure n’avoir été informée que fin mars 2019, à la réception d’un rapport rédigé à la suite d’une campagne menée au laboratoire de Riorges avec la Médecine du travail, en novembre 2018. « Les résultats indiquaient que les salariés seraient potentiellement exposés à des surplus de chloroforme. Nous avons immédiatement pris des mesures conservatoires à la fois pour le laboratoire de Riorges, mais aussi pour les autres laboratoires », explique la Direction générale. Un plan d’action a été décidé, et quelque 450 000 euros ont été investis pour la sécurité des laboratoires du groupe.

Et le rapport de 2016? Commandé par l’ancienne directrice des laboratoires « de sa propre initiative », la Direction affirme n’en avoir jamais eu connaissance avant avril 2019. « Lorsque nous avons reçu l’information le 9 avril 2019, nous en avons informé le personnel dans la journée », poursuit-on du côté d’AC Environnement, assurant avoir agi en « toute transparence ».

MAJ du 29 octobre 2019: Par voie de communiqué, la Direction d’AC Environnement donne sa version et retrace la chronologie des faits.

 

 

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