« 60 millions » lance une nouvelle salve contre la profession

juin 24 14:41 2014

Le diagnostiqueur immobilier y est rodé. Cette fois, c’est le magazine 60 millions de consommateurs qui dégaine dans son numéro spécial été avec une « enquête exclusive » au titre éloquent « DPE : la grande loterie ». L’expression n’est pas sans rappeler, mot pour mot, l’article de Que Choisir dédié à la profession en septembre 2012 ; article qui avait fait beaucoup de tort, nourrissant près de 150 questions de parlementaires sur la fiabilité du DPE (notre article).

Et le contenu de l’enquête qui s’étale sur cinq pages, n’est guère différent des dossiers précédents. Morceaux choisis : « travail d’une qualité encore très inégale », estimation variant du simple au double pour un même logement, « problèmes d’impartialité », conseils « parfois complètement fantaisistes », etc.

Litanie d’erreurs

Bien sûr, on pourra toujours trouver à redire sur la méthodologie. Le mode opératoire est on ne peut plus classique : cinq logements tests dans cinq villes (Marseille, Orléans, Paris, Toulouse, Villemomble), huit diagnostiqueurs « piégés » pour chacun des biens, et un expert en guise de mètre étalon. Oui, mais quelle prestation a livré cet « expert » ? Un simple DPE ? Ou carrément un audit énergétique ?

Qu’importe dans le fond, puisque comme pour les enquêtes précédentes, certains manquements apparaissent difficilement défendables. Que dire d’un DPE à 40  euros réalisé à distance ? Ou de ce diagnostiqueur auquel il n’aura fallu que 8 minutes pour boucler son DPE dans un studio de 28 m2 ? Et on pourrait aussi évoquer la confusion entre fenêtres PVC et fenêtres bois, les agences immobilières qui ont proposé la gratuité du DPE, des locaux non chauffés non visités, des fenêtres non inspectées… Vu comme ça, l’enquête du magazine consumériste ressemble à un long inventaire d’erreurs plus grossières -pour ne pas dire grotesques- les unes que les autres. Et on imagine aisément que le lecteur néophyte ne retiendra que ça.

Si bien que l’enquête en vient à jeter, de nouveau, le discrédit sur l’ensemble de la profession sans vraiment de discernement. Sur les 40 professionnels « testés », on ne saura pas, par exemple, si certains ont collectionné les bourdes et autres négligences tandis que d’autres se sont évertués à rendre une copie sans reproches. Seule exception notoire, pour la maison orléanaise, est-il précisé qu’un professionnel « sort du lot par son sérieux » avec 2h30 consacré au diagnostic et une facture à 250 euros.

Le diagnostiqueur pourra penser que cette énième enquête est vraisemblablement à charge. Plus que d’autres encore. Car cette fois, si le diagnostiqueur est volontiers égratigné dans sa pratique et son intégrité, le DPE, lui, apparaît épargné. Pas un mot sur la méthode sur factures pourtant dénoncée par la profession pour ses incohérences : si le DPE n’est pas fiable, c’est bien la faute du diagnostiqueur.

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